Contexte Constitutionnel et Linguistique
Jusqu'à récemment, la Constitution nigérienne du 25 novembre 2010 établissait le français comme langue officielle, avec toutes les autres langues du pays ayant le statut de « langues nationales ». Toutefois, ce cadre a été modifié par la promulgation de la nouvelle "Charte de la Refondation" par le général Abdourahamane Tiani le 26 mars 2023.
Les Modifications Linguistiques
Selon l'article 12 de cette Charte, publiée le 31 mars 2023 dans le Journal officiel, le haoussa a été décrété comme langue nationale, tandis que l'anglais et le français sont désormais qualifiés de "langues de travail". En outre, neuf autres langues, telles que le zarma-songhay, le fulfulde (peul), le kanouri, le gourmantché et l'arabe, sont reconnues comme "les langues parlées du Niger".
Le haoussa est la langue la plus parlée au Niger, notamment dans les régions de Zinder, Maradi, et Tahoua, qui sont frontalières avec le Nigeria, un pays qui compte également de nombreux locuteurs haoussa.
Contexte Politique et Souveraineté
Le changement de statut linguistique au Niger intervient dans le contexte d'un régime militaire en place depuis le coup d'État du 26 juillet 2023, qui a destitué le président civil Mohamed Bazoum. Ce régime a pour objectif de pérenniser une politique souverainiste, se démarquant de l'influence française dans la région.
Dans cette optique, le Niger s'est retiré de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) à la mi-mars 2023, suivi par ses alliés régionaux, le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des juntes militaires. Ces pays ont emboîté le pas en reléguant le français au rang de langue de travail et en adoptant leurs langues locales comme officielles.
Relations Régionales et Internationales
Parallèlement à ces changements linguistiques, le Niger, le Mali et le Burkina Faso se sont également retirés de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qu'ils perçoivent comme étant sous influence française, pour instituer la confédération de l'Alliance des États du Sahel (AES). Ces pays ont entrepris de rompre leurs relations diplomatiques et militaires avec la France et ont procédé à des changements de toponymes pour supprimer les appellations françaises.