Introduction
Au Pakistan, le défi de l'éducation se heurte à des réalités économiques et sociales complexes. Le pays affiche l'un des taux de déscolarisation les plus élevés au monde, avec plus de 26 millions d'enfants non scolarisés, principalement en zones rurales. Ce phénomène est particulièrement visible dans le village d'Abdullah Goth, situé en périphérie de Karachi.
Contexte socio-économique
La principale raison de la déscolarisation reste la pauvreté. Selon la Banque mondiale, 40 % de la population pakistanaise vit sous le seuil de pauvreté, rendant la contribution économique des enfants souvent nécessaire pour soutenir le revenu familial. Les infrastructures scolaires inadaptées, le conservatisme socio-culturel, et les effets du changement climatique exacerbent ces difficultés. En effet, de nombreuses écoles ferment périodiquement en raison de conditions météorologiques extrêmes telles que la pollution, les vagues de chaleur, et les inondations.
Initiatives éducatives et défis
À Abdullah Goth, une école gérée par la fondation pakistanaise Roshan a ouvert ses portes, marquant une première en plusieurs décennies pour ce village de 2 500 habitants. Cependant, initialement récalcitrantes, les familles ont été persuadées d'envoyer leurs enfants à l'école en échange de paniers alimentaires pour compenser la perte de revenu. Le financement de cette initiative est mixte, incluant des fonds publics et privés.
En dépit de ces efforts, la majorité des enfants du village continue de travailler dans les champs l'après-midi après avoir suivi les cours le matin, une situation illustrée par Aneesa Haroon qui rejoint les champs dès son retour de l'école.
Obstacle supplémentaire : Violence et éducation
Dans des régions telles que le Balouchistan et le Khyber Pakhtunkhwa, les violences communautaires sont un autre frein majeur à la scolarisation. L'Alliance pakistanaise pour les mathématiques et les sciences a signalé que dans certaines zones, la moitié des filles ne bénéficie pas d'une éducation.
Réponse du gouvernement et perspectives d'avenir
Face à cette situation critique, le Premier ministre Shehbaz Sharif a déclaré un état d'"urgence éducative", promettant d'augmenter le budget de l'éducation de 1,7 % à 4 % du PIB sur cinq ans. Néanmoins, les écoles publiques restent surchargées et sous-dotées en ressources, forçant de nombreuses familles à se tourner vers des écoles privées ou des madrassas (écoles coraniques), qui bien souvent offrent un enseignement limité en matière d'insertion professionnelle.
Conclusion
Le système éducatif pakistanais illustre une diversité déconcertante, comme l'indique le professeur Adil Najam, allant de formations médiocres aux plus prestigieuses. Cette disparité pousse de nombreux parents à abandonner l'option scolaire en faveur du travail des enfants, dans l'espoir d'un revenu immédiat. Toutefois, pour Aneesa Haroon et d'autres enfants du village, l'espoir d'une éducation et d'une carrière est un rêve qu'ils continuent de poursuivre malgré les obstacles structurels. La présence de figures comme Malala Yousafzai lors de conférences internationales souligne l'urgence et la nécessité de solutions durables pour le droit à l'éducation au Pakistan.