Introduction
Au Mémorial de la Shoah de Paris, quatre survivantes d'Auschwitz-Birkenau ont été invitées à partager leurs récits poignants une semaine avant les 80 ans de la libération du camp. Yvette Lévy, Judith Elkan-Hervé, Ginette Kolinka, et Esther Sénot, âgées de 97 à 99 ans, ont livré leurs témoignages sur les horreurs vécues et l'importance de préserver la mémoire de la Shoah.
Témoignages des Rescapées
Yvette Lévy, 98 ans, a raconté son arrivée au camp : "Le train a roulé deux jours et deux nuits jusqu'à Birkenau. À l'arrivée, 896 des 1 300 personnes de notre convoi ont été envoyées directement à la chambre à gaz." Elle a décrit la terreur constante et les sélections imposées par les soldats SS, indiquant comment les détenues essayaient de paraître en meilleure forme afin de ne pas être sélectionnées pour la mort immédiate.
Ginette Kolinka, proche de son centième anniversaire, a souligné les privations et humiliations infligées par les kapos : "Les nazis se sont servis de tout pour nous salir, nous humilier." Se souvenant de la honte ressentie lors de son arrivée, elle a décrit la dureté de la vie au camp et l'humiliation d'être forcée de se déshabiller devant les gardes.
Esther Sénot, âgée de 97 ans, a partagé qu'elle pouvait encore réciter son numéro tatoué — 58.319. Déportée pour 17 mois à Auschwitz, elle a témoigné de la menace omniprésente des chambres à gaz.
Judith Elkan-Hervé, 98 ans, a évoqué avec émotion les mères portant leurs enfants à la mort lors des sélections à l'arrivée au camp.
Importance de la Transmission de la Mémoire
L'émotion était palpable parmi l'auditoire de 150 personnes. Les rescapées ont insisté sur la nécessité d'éduquer les jeunes générations à l'histoire de la Shoah pour prévenir toute renaissance de la haine. Les témoignages en personne, ont-ils déclaré, ont un impact particulier sur la conscience et la compréhension des événements historiques par rapport à la simple lecture des récits.
Antoine Bouyon, un professeur d'histoire ayant emmené ses élèves à Auschwitz, a exprimé son inquiétude quant à l'absence future de témoins vivants et la difficulté qu'il y aura à transmettre les horreurs sans les voix des survivants.
Conclusion
Intervenant devant un public attentif et impliqué, chacune des survivantes a lancé un appel à la vigilance et à la transmission. "Ce que j’espère est que ceux qui nous écoutent comprennent que si je parle, c’est parce que certains haïssaient les juifs. Et ça, il ne faut plus que ça recommence", a déclaré Ginette Kolinka. En conclusion, Esther Sénot a exhorté les jeunes à devenir les futurs témoins de cette histoire face à ceux qui nieraient sa réalité.