Contexte et Déroulement des Manifestations
Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, a été arrêté le 19 mars, ce qui a engendré une vague de protestations à travers la Turquie, une première de cette ampleur depuis plus d'une décennie. La situation a pris de l'ampleur le samedi 29 mars, où des centaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Istanbul à l'appel du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition. Selon Özgür Özel, chef du CHP, les manifestations ont réuni 2,2 millions de personnes, bien que ce chiffre ne puisse être vérifié de manière indépendante.
Mobilisation et Répression
Les rassemblements ont principalement eu lieu sur la rive asiatique de la ville, sous l'organisation du CHP. Les manifestations ont été déclenchées en réponse aux accusations de corruption et de terrorisme dirigées contre Imamoglu, des accusations considérées par beaucoup comme politiquement motivées. Dans une atmosphère tendue, les participants portaient des drapeaux turcs et des portraits de Mustafa Kemal Atatürk, figure fondatrice de la République de Turquie.
Malgré l'interdiction de défiler imposée par les autorités turques dès l'arrestation du maire, les manifestations ont été soutenues par toutes les couches de la population, y compris les jeunes étudiants qui sont parmi les plus actifs. Cependant, la répression a été sévère, avec de nombreux manifestants arrêtés. À Istanbul seulement, 511 étudiants ont été interpellés, selon l’avocat Ferhat Güzel.
Réactions Politiques
Özgür Özel a déclaré que le CHP continuerait d'organiser régulièrement des rassemblements, "tous les samedis dans une ville de Turquie" et chaque mercredi soir à Istanbul, comme une démonstration constante de défi contre ce qu'il décrit comme une "tentative de coup d'État". Il assure également que les arrestations diminueront.
Impact et Poursuite des Mouvements
Ces événements se déroulent à la veille des célébrations de l'Aïd el-Fitr, ce qui pourrait influencer l'affluence aux manifestations futures, alors qu'une partie de la population retourne dans leurs régions d'origine pour les célébrations. Ces rassemblements sont également considérés comme un test pour la force de l’opposition, face au gouvernement du président Recep Tayyip Erdoğan.
L’opposition a aussi déploré les atteintes à la liberté de la presse, alors que de nombreux journalistes, tant nationaux qu'internationaux, ont été arrêtés ou ont subi des pressions dans le cadre de cette mobilisation.