Contexte de l'arrestation
Le maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, a été arrêté le 19 mars 2025, suscitant une vague de manifestations à travers la Turquie. Imamoglu, candidat potentiel à la présidence pour le Parti républicain du peuple (CHP), est accusé de "corruption" et de "soutien à une organisation terroriste".
Réaction publique et manifestations
Depuis l'arrestation, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues d'Istanbul et d'autres grandes villes turques. Des rassemblements ont été observés dans au moins 55 des 81 provinces, illustrant la profondeur du soutien à Imamoglu et la colère contre les actions du gouvernement. Les manifestations rappellent les grandes protestations de 2013 du parc Gezi en termes de mobilisation populaire.
Les forces de l'ordre ont répondu par des mesures strictes, incluant l'usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Plus de 343 personnes ont été arrêtées selon le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya.
Positions politiques et accusations
Le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition en Turquie dont Imamoglu est membre, a critiqué l'usage d'accusations qu'ils estiment être politiquement motivées. L'avocat d'Imamoglu, Mehmet Pehlivan, a déploré un recours injustifié à des "témoins secrets" et une violation des droits à un procès équitable.
Le gouvernement, dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan, justifie l'arrestation par la volonté de maintenir l'ordre public, accusant le CHP de chercher à créer un climat de chaos. Erdogan lui-même a déclaré que la Turquie ne céderait pas à la "terreur de la rue" et que l'opposition ne serait pas tolérée en tant que perturbateur de l'ordre public.
Impact sur la scène politique
Ekrem Imamoglu, notamment connu pour avoir remporté la mairie d'Istanbul au détriment de l'AKP en 2019, est perçu comme un concurrent sérieux pour l'élection présidentielle de 2028. Sa popularité croissante et son rôle éminent au sein du CHP font de lui une cible prioritaire dans un contexte d'instabilité politique.
Le CHP a maintenu l'organisation de sa primaire pour la présidentielle, à laquelle Imamoglu était pressenti pour concourir en tant que candidat principal.
Les perspectives pour la Turquie
L'arrestation d'Imamoglu intervient dans un pays déjà sous tension suite à des problèmes économiques croissants, avec une chute significative de la Bourse d'Istanbul en réponse à l'instabilité politique. Pour beaucoup, cela marque une nouvelle phase dans le climat politique turc, potentiellement orientée vers une plus grande autorité présidentielle et un régime moins démocratique.
L'évolution de cette situation reste à suivre de près, alors que les appels à la mobilisation continuent et que la réponse du gouvernement pourrait déterminer l'état de la démocratie turque dans les prochaines années.