Introduction
Le développement des usines de batteries pour véhicules électriques dans le nord de la France représente un enjeu stratégique majeur pour l'Europe, face à la domination actuelle de la Chine dans la production mondiale de batteries. Ce document analyse l'évolution récente de plusieurs projets industriels dans ce domaine, ainsi que les défis financiers et opérationnels auxquels ils font face.
État des Lieux des Usines en France
Plusieurs usines de batteries émergent dans le nord de la France, notamment celles de la société ACC à Douvrin, AESC-Envision à Douai, et Verkor près du port de Dunkerque. ACC a récemment augmenté sa cadence de production, fabriquant en début 2025 autant de cellules et de modules qu'en 2024. De son côté, AESC-Envision est en phase de test avant la production en série de batteries destinées aux R5 électriques de Renault. La startup Verkor, quant à elle, prévoit de débuter sa production au plus tard début 2026 avec un objectif de 16 gigawattheures par an d'ici 2028, dont 12 pour Renault, ce qui équivaut à l'équipement de 150 000 véhicules.
Importance Stratégique
La production européenne de batteries est vitale pour diminuer la dépendance envers les importations chinoises, sachant que la Chine assure encore 83 % de la production mondiale de batteries, d'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Les investissements cumulés depuis 2020 dans cette industrie à travers l'Europe dépassent les 60 milliards d'euros.
Défis Financiers et Opérationnels
Bien que ces projets soient stratégiques, ils rencontrent des difficultés structurelles. L'Europe est confrontée à des coûts de production supérieurs de 50 % à ceux de la Chine, et la chaîne d'approvisionnement reste relativement faible. De plus, le secteur manque de personnel qualifié, augmentant ainsi l'incertitude quant à la rentabilité de ces projets. La faillite du géant suédois Northvolt illustre les risques liés aux retards de production et au recul du marché des voitures électriques.
Considérations Futures
Pour Richard Bouveret de Blue Solutions, il est crucial de développer des batteries et des usines moins coûteuses et d'accroître la confiance des consommateurs et des investisseurs. L'exemple de l'importation massive de pétrole montre l'insuffisance des investissements européens dans l'industrie des batteries. Benoît Lemaignan de Verkor souligne que les soutiens financiers sont inférieurs au niveau considéré nécessaire par rapport à d'autres régions comme les États-Unis ou l'Asie. La réussite dépendra d'une stratégie d'investissement à long terme.
Conclusion
En dépit de l'optimisme sur le potentiel d'emplois et les investissements, les usines de batteries françaises doivent surmonter plusieurs obstacles pour devenir durables et compétitives. Les efforts coordonnés de tous les acteurs européens resteront essentiels pour établir une industrie de batteries solide et indépendante en Europe.